Avec la classe inversée, Simone Deparis a révolutionné son cours

Au moment de choisir sa carrière, Simone Deparis n’a pas eu l’ombre d’une hésitation. Depuis l’adolescence, enseigner les mathématiques n’était pas une question de probabilités mais une évidence. Le maître d’enseignement et de recherche aime tout des maths. Leur beauté, leurs contradictions, et encore plus leur complexité. «Dans ce domaine, il faut faire preuve de résilience, car il y a toujours une phase de frustration, il faut la surmonter pour accéder au plaisir de la réussite.» L’ancien doctorant de l’EPFL qui a effectué son cursus à Zurich, ne craint pas la difficulté, il la recherche même. A tel point qu’il s’est lancé à la rentrée 2017 dans un projet aux variables inconnues, la conception d’un cours d’algèbre linéaire avec une partie de classe inversée. Les étudiants assimilent la théorie chez eux et le temps en classe est consacré aux exercices. Pour cette prise de risque novatrice dans le domaine des mathématiques et la qualité de son enseignement, Simone Deparis a reçu le Credit Suisse Award for best teaching 2018.

Le modèle de la classe inversée essaime dans plusieurs Universités, y compris à l’EPFL. Mais le challenge pour Simone Deparis était de l’appliquer à un cours d’algèbre linéaire destiné à des futurs ingénieurs de première année pas forcément emballés par les mathématiques (étudiants de toutes les sections sauf architecture, maths et physique). «J’ai complétement révolutionné mon cours. C’était beaucoup de boulot, mais très stimulant.» Le Tessinois n’est pas du style à s’engluer dans la routine, il aime prendre des risques. Enseignant depuis 2008 à l’EPFL, il a notamment élaboré un MOOC sur les logiciels d’analyse numérique Octave et MATLAB, qui comptabilise quelque 40’000 inscrits dans sa version anglophone.

Un talent d’improvisateur

Le maître de recherche a testé la classe inversée avec cent étudiants volontaires sur cinq semaines au milieu de son cours classique d’algèbre linéaire. «Des études scientifiques montrent que la classe inversée permet une meilleure assimilation de la matière. Et avec ce nouveau format, la section voulait essayer de motiver même ceux qui n’ont pas choisi d’étudier les maths.» Pour cette première expérience, Simone Deparis a donné seulement un tiers de son cours sous forme de classe inversée. «Nous devions être sûrs de ne pas pénaliser les étudiants qui avaient choisi de tester cette forme d’apprentissage.» 

L’enseignant a travaillé en étroite collaboration avec Cécile Hardebolle, conseillère pédagogique au Centre d’appui à l’enseignement (CAPE). Et il s’est basé sur le MOOC de Donna Testerman. «La première leçon était désastreuse, car je n’avais pas bien coordonné ma matière à celle du MOOC, mais j’ai tout de suite rectifié le tir et les étudiants se sont montrés enthousiastes. J’ai beaucoup appris. Avec la classe inversée, il faut être capable de réagir à des questions et des remarques qui ne sortent pas forcément durant le cours, et savoir improviser en restant rigoureux et clair.»

Les étudiants ont apprécié cette nouvelle façon d’étudier qui implique un plus grand investissement à la maison. Selon les premiers retours, effectuer les exercices en classe leur a permis de mieux évaluer leur niveau, de discuter les problèmes et de s’entraider. A tel point qu’à la fin des semaines de classe inversée, personne ne voulait revenir au format classique. Cet automne, Simone Deparis a réitéré l’expérience avec cette fois la majeure partie du cours en classe inversée. Les inscriptions ont à nouveau plu par centaines. Le mathématicien est comblé, l’aventure s’est avérée un bon calcul.

Author(s): Laureline Duvillard
Importé depuis EPFL Actu